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L’illustration est une création d’Alisa Singer (« Global carbon emissions by source », © 2017, tous droits réservés), reproduite ici avec son aimable autorisation. Pour plus d’informations sur l’œuvre et sur la démarche de l’artiste : www.environmentalgraphiti.org
  • Organisé par le département de Géosciences et le département Littératures et langage de l’ENS, avec le soutien de la Bibliothèque Ulm-Jourdan et des Éditions Rue d’Ulm.

    Partant du constat que le discours scientifique ne peut être l’unique relais pour évoquer le changement climatique et que la littérature nous offre, par le recours à la fiction et à l’imaginaire, de puissants outils pour envisager et construire l’avenir, le département de Géosciences et le département Littératures et langage s’associent pour proposer un concours d’écriture littéraire. Nous lançons, de mars à juin 2020, un appel à récits brefs, fondés sur les projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cinq nouveaux scénarios socio-économiques et climatiques ont en effet été élaborés par la communauté scientifique au sein du GIEC, dont les résumés sont présentés ci-dessous. Pour être retenues, les œuvres de fiction soumises au jury devront prendre appui sur l’un de ces scénarios afin d’en explorer – ou d’en extrapoler – les conséquences, ou l’une des conséquences, en termes de modes de vie, d’environnement et d’industrie, de relations humaines et d’organisation sociale, d’innovation scientifique, de vie de l’esprit, etc... La contrainte du « scénario » choisi par le participant ou la participante ne brime donc en rien la liberté dont il ou elle dispose quant au choix de l’échelle, du point de vue, ou encore de la zone géographique servant de cadre au texte. D’un point de vue formel, ces textes pourront être en vers ou en prose, dialogiques ou narratifs, sans limitation de genre ni de registre.

    Le concours est ouvert aux élèves, étudiantes et étudiants des établissements de PSL et du CPES. Les textes seront composés en langue française et compteront entre 2000 et 6000 mots, en taille 12, police Times New Roman, interligne 1,5, justifié.

    Chaque participant ne peut proposer qu’une seule œuvre de fiction dont il garantit le caractère original, inédit et libre de droits. Les textes seront accompagnés d’un titre, de l’intitulé du scénario du GIEC sur lequel ils se fondent, des nom et prénom de l’auteur, de ses coordonnées électroniques ainsi que de son établissement d’inscription et de son cursus universitaire. Ils devront être transmis par voie électronique à l’adresse concours.climat[at]ens.fr, au format .doc ou .rtf, entre le 15 mars et le 15 juin 2020.

    Une présélection des textes anonymisés sera effectuée par l’équipe d’organisation du concours, puis soumise à un jury composé de membres de l’ENS, d’acteurs du monde littéraire et scientifique.

    Trois textes seront primés par le jury. La nature des récompenses sera annoncée ultérieurement. Un choix de textes fera également l’objet d’une publication en recueil aux Éditions Rue d’Ulm.
    La remise des prix sera organisée à la rentrée 2020 à l’École normale supérieure, accompagnée d’une lecture des textes primés.

    Contacts :
    Nicolas Coltice, département de Géosciences (nicolas.coltice[at]ens.fr)
    Pierre Musitelli, département Littérature et langages (pierre.musitelli[at]ens.psl.eu)

    L’illustration est une création d’Alisa Singer (« Global carbon emissions by source », © 2017, tous droits réservés), reproduite ici avec son aimable autorisation. Pour plus d’informations sur l’œuvre et sur la démarche de l’artiste : www.environmentalgraphiti.org

    Les scénarios du GIEC

    Ces dernières années, une équipe internationale de climatologues, d’économistes et d’experts en modélisation des systèmes énergétiques a élaboré un nouvel ensemble de scénarios nommés « Shared Socioeconomic Pathways » (SSP), ou « Chemins socio-économiques communs », afin d’éclairer les choix que nous devons faire face au changement climatique.

    Plusieurs modèles d’évolution climatique ont été bâtis à partir de différentes hypothèses de développement des sociétés humaines (quantité d’énergie utilisée, usage des terres, volume des gaz à effets de serre et des polluants rejetés dans l’atmosphère, en fonction des politiques climatiques d’atténuation et d’adaptation mises en œuvre) : depuis l’hypothèse d’un monde où le réchauffement est contenu à moins de 1,5° C d’ici 2100 (par rapport aux niveaux pré-industriels), jusqu’au pire des cas, à savoir celui d’un monde où aucune politique climatique n’est appliquée.

    En complément des résumés succincts présentés ci-dessous, une brève bibliographie donnera quelques clefs de compréhension.

    1. Scénario SSP1-1.9

    Durabilité – Prendre la route verte (faibles défis pour l’adaptation et pour l’atténuation). Ce scénario décrit un monde marqué par une forte coopération internationale, donnant la priorité au développement durable.

    Le monde s’engage progressivement, mais de manière généralisée, dans la voie du développement durable ; l’accent est mis sur un développement plus respectueux de l’environnement. La gestion des biens à l’échelle mondiale s’améliore lentement, les investissements dans l’éducation et la santé accélèrent la transition démographique et l’accent mis sur la croissance économique tend à privilégier le bien-être humain. Grâce à un engagement croissant en faveur de la réalisation des objectifs de développement, les inégalités se réduisent à la fois entre les pays et au sein de ceux-ci. La croissance de la consommation de biens matériels est faible ; la consommation en ressources et en énergie diminue. La température à la surface du globe est d’environ 2° C plus élevée qu’en 1900 et se stabilise vers 2050.

    2. Scénario SSP2-4.5
    Au milieu du gué (défis moyens d’atténuation et d’adaptation). Ce scénario décrit un monde caractérisé par la poursuite des tendances actuelles.

    Le monde suit une voie dans laquelle les tendances sociales, économiques et technologiques ne s’écartent pas sensiblement des tendances historiques. Le développement et la croissance des revenus se font de manière inégale, certains pays progressant relativement bien tandis que d’autres ne répondent pas aux attentes. Les institutions mondiales et nationales s’efforcent d’atteindre les objectifs de développement durable, mais progressent lentement. Les systèmes environnementaux se dégradent, bien que l’on note certaines améliorations et que l’exploitation des ressources et de la consommation énergétique diminue dans l’ensemble. La croissance démographique mondiale est modérée et se stabilise dans la seconde moitié du siècle. Les inégalités de revenus persistent ou ne s’améliorent que lentement, et les défis à relever pour réduire la vulnérabilité aux changements sociétaux et environnementaux demeurent. La température à la surface du globe est d’environ 3° C supérieure à celle de 1900 et se stabilise à la fin du siècle. La hausse des températures va de pair avec une augmentation du niveau de la mer de près de 40 cm par rapport au niveau actuel et une augmentation des événements climatiques extrêmes les plus intenses.

    3. Scénario SSP3-7.0
    Rivalités régionales – Une route à obstacles (défis élevés en matière d’atténuation et d’adaptation). Ce scénario décrit un monde affecté par la compétition entre pays, une croissance économique lente, des politiques orientées vers la sécurité et la production industrielle, et peu soucieuses de l’environnement.

    Le regain des nationalismes, les préoccupations en matière de compétitivité et de sécurité, et les conflits régionaux, conduisent les États à se concentrer de plus en plus sur des questions intérieures, en particulier sur les problèmes de sécurité nationale et régionale. Les pays privilégient la réalisation de leurs objectifs de sécurité énergétique et alimentaire régionaux au détriment d’une politique de développement plus large. Les investissements dans l’éducation et le développement technologique diminuent. Le développement économique est lent, la consommation matérielle est forte, et les inégalités persistent ou s’aggravent avec le temps. La croissance démographique est faible dans les pays industrialisés et élevée dans les pays en développement. La faible priorité accordée par la communauté internationale aux questions environnementales entraîne une forte dégradation de l’environnement dans certaines régions. La température continue de monter au cours du siècle pour atteindre plus de 5° C en 2100. La hausse du niveau des océans atteint 70 cm ; les canicules et épisodes de sécheresse se multiplient. Des régions entières du monde où vivent des milliards d’êtres humains deviennent inhabitables pour notre espèce.

    4. Scénario SSP4-6.0
    Inégalités (grands défis pour l’adaptation mais faibles défis pour l’atténuation). Ce scénario décrit un monde marqué par de grandes inégalités entre les pays et en leur sein. Une petite élite mondiale y serait responsable de l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre, ce qui rend les politiques d’atténuation plus facile à mettre en place tandis que la plus grande partie de la population resterait pauvre et vulnérable au changement climatique.

    Des investissements très inégaux dans le capital humain, associés à des disparités croissantes en termes d’opportunités économiques et de pouvoir politique, entraînent une augmentation des inégalités et de la stratification, tant entre les pays qu’au sein de ceux-ci. Avec le temps, un fossé se creuse entre une société connectée au niveau international qui contribue aux secteurs de l’économie mondiale à forte intensité de capital et de connaissances, et un ensemble fragmenté de sociétés à faibles revenus et peu éduquées qui travaillent dans une économie à forte intensité de main-d’œuvre et à faible technologie. La cohésion sociale se dégrade, les conflits deviennent de plus en plus fréquents. Le développement des secteurs de la haute technologie est important. Le secteur de l’énergie, mondialement connecté, se diversifie, avec des investissements dans les combustibles à forte émission de carbone, comme le charbon et le pétrole non conventionnel, mais également dans les sources d’énergie à faible émission de carbone. Les politiques environnementales se concentrent sur les problèmes locaux dans les zones à revenus moyens et élevés. La température continue de monter au cours du siècle pour atteindre plus de 4° C en 2100. La hausse du niveau des océans atteint 60 cm ; les canicules et les épisodes de sécheresse se multiplient. Des régions complètes du monde où vivent des milliards d’êtres humains deviennent inhabitables pour notre espèce.

    5. Scénario SSP5-8.5
    Développement axé sur les combustibles fossiles (faibles défis pour l’adaptation mais grands défis pour l’atténuation). Ce scénario décrit un monde qui se concentre sur une croissance rapide, fondée sur une forte consommation d’énergie et des technologies émettrices de carbone ; la hausse du niveau de vie permet en revanche d’augmenter la capacité d’adaptation, notamment grâce au recul de l’extrême pauvreté.

    Le monde fait confiance aux marchés concurrentiels, à l’innovation et aux sociétés participatives pour produire des progrès technologiques rapides et un développement du capital humain qui conduisent à un développement durable. Les marchés mondiaux sont de plus en plus intégrés. Des investissements importants dans la santé, l’éducation et les institutions sont également nécessaires afin de renforcer le capital humain et social. Dans le même temps, les politiques en faveur du développement économique et social vont de pair avec l’exploitation de ressources en combustibles fossiles abondantes et l’adoption de modes de vie à forte consommation énergétique dans le monde entier. Tous ces facteurs entraînent une croissance rapide de l’économie mondiale, tandis que la population mondiale atteint son plus haut point avant de diminuer au cours du XXIème siècle. Les problèmes environnementaux locaux tels que la pollution de l’air sont gérés avec succès. Des mesures d’adaptation au changement climatique faisant appel à de nouvelles technologies, y compris la géo-ingénierie, sont mises en œuvre, car la température à la surface du globe continue de monter au cours du siècle pour atteindre plus de 6° C en 2100. Le niveau de la mer augmente de près d’un mètre, et les événements extrêmes (cyclones, canicules, sécheresses) se multiplient.

    Pour plus d’informations sur les scénarios socio-économiques « SSP » :
    • Céline Guivarch et Julie Rozenberg, « Les nouveaux scénarios socio-économiques pour la recherche sur le changement climatique » : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01053730.
    • Article collectif en anglais présentant les cinq scénarios, « The Shared Socioeconomic Pathways and their energy, land use, and greenhouse gas emissions implications: An overview » : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378016300681
    • Site de vulgarisation scientifique en anglais sur les SSP : « Explainer: How ‘Shared Socioeconomic Pathways’ explore future climate change » : https://www.carbonbrief.org/explainer-how-shared-socioeconomic-pathways-explore-future-climate-change

    Pour plus d’information, voir également l’Agenda de l’ENS.