Ulm-LSH / Jourdan-SHS

René Maublanc (Nantes, 17 juillet 1891 – Paris, 20 janvier 1960) est issu d’une famille bourgeoise de tradition républicaine. Après l’obtention de son baccalauréat à Rennes en 1908, il poursuit ses études au Lycée Louis-le-Grand avant d’intégrer la promotion Lettres de l’École normale supérieure en 1911. Il y suit des cours de philosophie, de psychologie et de sociologie sous la houlette de Victor Delbos, Lucien Lévy-Bruhl, Henri Delacroix, Émile Durkheim ou encore Célestin Bouglé. Il participe à la vie étudiante à travers la création de la revue théâtrale de L’Œil crevé ou en faisant un court voyage en Belgique avec la chorale des élèves. Il obtient son diplôme de philosophie en 1914 à l’aube de la Première Guerre mondiale. Lors de la déclaration de guerre en août 1914, René Maublanc ne peut prendre part aux combats mais il s’engage à sa manière en enseignant au collège d’Épernay en 1915 alors en pleine zone de conflit.

Proche d’André Durkheim, fils du sociologue Émile Durkheim, il nourrit une correspondance assidue avec son camarade et cothurne. Il reste proche de ses camarades Marcel Étévé et Pierre Garreta. Ses trois camarades et de nombreux autres perdront la vie durant le conflit. Après la guerre, il continue d’enseigner la philosophie (Bar-le-Duc, Alger, Reims) mais ses opinions politiques exprimées publiquement lui valent un blâme et d’être exclu de l’enseignement durant un temps. En 1922, il obtient le poste de secrétaire-archiviste du Centre de documentation sociale fondé par Célestin Bouglé grâce au soutien de la fondation Albert Kahn. L’objectif est de rassembler une bibliothèque sur les problèmes sociaux et les théories socialistes. De cette manière, par le biais de l’exécuteur testamentaire de Victor Considerant, les archives de l’École sociétaire, de Charles Fourier et de Victor Considerant sont données au Centre de documentation sociale. Les papiers de l’économiste Charles Gide vont aussi entrer dans les collections.

La période d’entre-deux-guerres voit également la création de la Société des amis de l’École normale supérieure en 1919 par Célestin Bouglé. Grâce à la Société, mais aussi à la vivacité de la communauté normalienne, René Maublanc continue de participer à la vie de l’École normale supérieure en contribuant aux sorties théâtrales, aux revues théâtrales et aux banquets. Il garde également des liens forts avec les figures morales, intellectuelles et paternelles que sont Lucien Herr, Célestin Bouglé et Paul Dupuy. Puis la Seconde Guerre mondiale met à mal l’organisation du Centre de documentation dont les collections vont être cédées à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine et aux Archives nationales ; seule une minime partie reste au sein de l’École normale supérieure.