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Ulm-LSH / Jourdan-SHS
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La bibliothèque d'un naturaliste : l'inventaire des livres provenant de Georges Cuvier
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Livres provenant de la bibliothèque de M. Cuvier et devant être attribués à l'Ecole normale en exécution de la loi du [24 avril 1833]. - Papier. - 1 vol. non paginé, [52 f.] Bibliothèque Ulm-LSH, Ms 130.
L'inventaire a été collationné et porte plusieurs annotations à la mine de plomb. Des inscriptions « D » semblent désigner des doubles. Il est fait allusion à un « catalogue des voyages » (en face du n° 2198 : le « grand ouvrage sur l'Égypte »). Le n° 321 « Laborie, Apologues sacrés, tirés de l'Écriture sainte, avec de jolies gravures » (ouvrage destiné aux enfants) est barré et renvoie à « Ministère [de l'Instruction publique], n° 227 ». Plusieurs mentions « Me Cuvier »
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D'après le discours de Guizot devant la Chambre des députés (2 mars 1833), les inventaires de la bibliothèque de Cuvier ont été rédigés après son décès par Charles Léopold Laurillard, paléontologue et secrétaire particulier de Cuvier, Jean-Charles Werner, peintre du Muséum, et Jean-Casimir Lemercier, médecin et bibliothécaire-adjoint du Muséum. C'est à ce moment là que le cachet ovale « G. Cuvier » est apposé sur les ouvrages.
L'inventaire conservé à l'ENS comporte 2 202 références correspondant à 4 269 volumes et 661 « cahiers » (fascicules), sous les rubriques « Langues et littérature », « Philosophie », « Histoire », « Antiquités », « Religions » et « Notices » : bien que très élevé, le chiffre ne correspond pas aux 7 500 volumes annoncés dans le discours de Guizot. La rubrique « Antiquités égyptiennes » occupe deux pages et correspond aux n° 2113-2143.
La bibliothèque de Cuvier
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À sa mort en 1832, le naturaliste Georges Cuvier, fondateur de la paléontologie, « membre de la Chambre des pairs, conseiller d'Etat, membre du conseil royal de l'instruction publique, secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences de l'Institut, membre de l'Académie française, associé libre de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, professeur administrateur du Muséum d'histoire naturelle, professeur d'histoire naturelle au Collège de France, etc. », occupe une place éminente dans les sciences et l'administration française.
Il possédait une bibliothèque extrêmement importante évaluée à plus de 17 500 volumes, que l'État achète à sa veuve pour 72 500 francs (loi du 24 avril 1833).
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Les témoignages des contemporains s'accordent sur la richesse et la variété de cette collection.
D'après le discours du baron Thénard devant la Chambre des pairs (15 avril 1833) :
« Si M. Cuvier était riche de gloire, il était privé de toute espèce de fortune. Né sans patrimoine et passionné pour les sciences, toutes les épargnes qu'il lui était permis de faire, il les employait pour augmenter ses moyens d'étude. Des découvertes, voilà les trésors qu'il amassait ; il n'en avait pas d'autres, et son bonheur était d'en faire jouir le monde entier [...] Il ne voulait posséder et ne possédait en effet une seule espèce de collection, absolument étrangère à celle qui lui était confiée : c'était une réunion de livres, formée à grands frais, à laquelle il donnait tous ses soins, qu'il augmentait continuellement, et qu'il tenait rangée, par ordre de matières, dans des cabinets qui en faisaient comme autant de bibliothèques spéciales. C'était là qu'il passait tous ses momens de loisir et souvent de longues veilles, soit pour s'entretenir avec les grands hommes de l'antiquité et des temps modernes, soit pour méditer sur des phénomènes que lui seul pouvait interpréter, soit pour faire ces éloges si piquans et si vrais qui le placent à côté des Fontenelle et des d'Alembert ; soit pour s'occuper de l'instruction primaire, pour laquelle il avait une prédilection toute particulière ; soit encore pour étudier les projets de loi qui devaient être discutés au conseil d'État, dont il était une des plus vives lumières ; soit enfin pour se préparer à les défendre, à la tribune, où plus d'une fois son éloquence a triomphé d'habiles adversaires, même dans des matières qu'on croyait lui être étrangères, et sur lesquelles il portait une lucidité qu'admiraient les hommes d'État qui s'en étaient le plus occupés. »
D'après la Notice historique de Louis Georges Duvernoy :
« Pour l'anatomie et la physiologie comparées, l'histoire naturelle systématique ou philosophique et ses différentes applications, et pour les voyages, elle présente un ensemble très-rare ; elle comprend, en outre, une foule d'ouvrages de littérature ancienne et moderne, d'histoire, de jurisprudence, etc. Un très-petit nombre renferme des notes précieuses, écrites en marge, de la main de M. Cuvier. J'en connais entre autres d'extrêmement intéressantes, sur les mémoires de Cabanis, insérés parmi ceux de la classe des sciences morales et politiques de l'Institut. »
D'après le discours de Guizot devant la Chambre des députés (2 mars 1833) :
« L'étude favorite de M. Cuvier, l'histoire naturelle, y occupe nécessairement une grande place ; mais, par le caractère même du génie de M. Cuvier, qui embrassait à la fois, avec une netteté singulière et un ordre parfait, les connaissances les plus diverses, sa bibliothèque offre dans des genres fort opposés, sciences mathématiques, historiques, législation, littérature, des collections rares et complètes d'ouvrages étrangers et nationaux. »
Quatre institutions sont désignées par Guizot comme légataires :
« Les ouvrages sur l'histoire naturelle et les sciences accessoires seraient placés dans une salle particulière du Muséum, ornée de la statue de l'illustre professeur. Les livres français et étrangers sur la législation, la jurisprudence et toutes les parties de l'administration publique seraient attribués à la bibliothèque du conseil d'État. La collection si précieuse sur la législation de l'enseignement dans divers pays serait conservée dans la bibliothèque du ministère de l'instruction publique. Les savantes éditions d'auteurs classiques, et le bon choix d'ouvrages littéraires que M. Cuvier avait réunis, prendraient place dans la bibliothèque de l'École normale. L'empreinte d'un cachet particulier perpétuerait le souvenir et l'origine de ces dotations faites à la science, à l'instruction publique, à l'administration, au nom de l'homme qui les éclairait également. »
Trois légataires avaient été désignés par Cuvier : son frère Frédéric pour les ouvrages de zoologie, son neveu du même prénom pour les livres de droit et de médecine, et Achille Valenciennes pour l'ichtyologie, renoncent à ce legs (toutefois le Muséum conserve une liste de 246 volumes conservés par ce dernier pour ses travaux sur l'Histoire naturelle des poissons : Muséum national d'histoire naturelle, Ms 1963).
Présentation réalisée par Estelle Boeuf-Belilita - décembre 2013. Rétro-saisie de l'exposition virtuelle : Claire Agier