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Ulm-LSH / Jourdan-SHS
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Alfred Döblin (1878-1957) : éditions originales et envois autographes
Médecin et écrivain comme Céline, à qui dès 1933, on le compare (« Je ne connais rien dans notre littérature que l’on puisse comparer à cet ouvrage, si ce n’est le livre de M. Céline : Voyage au bout de la nuit […] » écrit Pierre Mac Orlan), Alfred Döblin est l’un des représentants majeurs de la modernité dans la littérature de langue allemande du XXe siècle.
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Pionnier de l’expressionnisme, il s’associe au cercle d’artistes publiant dans la revue avant-gardiste Der Sturm. On le connaît en France surtout pour son roman Berlin Alexanderplatz, paru en 1929, dans lequel, expérimentant de nouveaux registres d’expression, ayant recours au collage et au montage pour faire la peinture du chaos de la grande ville et des masses, il raconte l’histoire de Franz Biberkopf, ancien prisonnier dont la réinsertion est vouée à l’échec. Le fait que Rainer Werner Fassbinder ait porté le roman à l’écran a contribué à le faire passer à la postérité. Sous le pseudonyme de Linke Poot, Döblin publie des chroniques dans divers journaux et revues. En 1924, il voyage en Pologne en vue d’un reportage. Reise in Polen parait en 1926, mais plus qu’un voyage en Pologne, c’est une découverte du « Yiddishland » et du judaïsme, avec lequel, en dépit de ses origines, il avait peu de contact.
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À l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, il est contraint à l’exil, il quitte Berlin pour la Suisse, arrive en septembre à Paris, où il restera jusqu’à l’invasion allemande. Durant cette période il s’engage dans le mouvement juif territorialiste Frejland, ce dont témoignent ses livres Jüdische Erneurung (1933) et Flucht und Sammlung des Judenvolks (1935). Il passe la guerre aux États-Unis. En 1945, il est l’un des premiers exilés à rentrer en Allemagne, où les services culturels de l’administration militaire française à Baden-Baden lui confient la charge de contrôler les projets de publication des Allemands.
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Döblin et les normaliens germanistes
Durant son exil en France, Döblin noue des liens d’amitié avec plusieurs germanistes de la rue d’Ulm : Robert Minder (1921 l), Ernest Tonnelat (1898 l) et Edmond Vermeil (1878-1964), ces deux derniers caïmans d’allemand, le premier de 1927 à 1935, le second de 1935 à 1939. C’est grâce à ces relations qu’il rejoint en 1939 le Service de l’Information pour l’Étranger (piloté par Jean Giraudoux, Commissaire général à l'information) et plus précisément la Section Allemagne dirigée par Tonnelat pour tenter de contrer la propagande nazie. Chargé de rédiger des tracts, il y côtoie, outre Robert Minder et Edmond Vermeil, Pierre Bertaux (1926 l) et Albert Fuchs (1896-1983). Au retour des États-Unis, c’est également grâce à ses amis normaliens qu’il obtient en 1945 un poste à Baden-Baden dans la zone d’occupation française. La femme de Döblin, Erna, et leur plus jeune fils, Klaus, resteront d’ailleurs un temps à Paris, hébergés par Ernest Tonnelat. Ces liens d’amitiés expliquent sans doute la présence ancienne à la bibliothèque de certaines éditions originales parfois signées. L’absence de registres d’entrée pour cette période ne permet cependant pas d’en avoir la certitude absolue. Les cotes attribuées indiquent en revanche qu’elles ont bien rejoint les collections dans l’Entre-deux-guerres.
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Don Piron-Lévy
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Une autre partie du fonds Döblin provient d’un don fait en avril de cette année à la Bibliothèque des lettres par Monsieur Olivier Piron, fils de Denise Piron-Lévy (1916-2017), professeure d’allemand, fille du mathématicien Paul Lévy (1886-1971). Paul Lévy était l’ami des Döblin et le professeur du fils d’Alfred Döblin, Wolfgang (appelé aussi Vincent Doblin après sa naturalisation).
Mathématicien de génie – Paul Lévy le compare à Abel et Galois et assure que son nom restera dans l’histoire de la théorie des probabilités – il se suicide en 1940 à l’âge de vingt-cinq ans pour échapper aux Allemands. Madame Denise Piron-Lévy raconte qu’en 1938 – et le lien avec les germanistes de la rue d’Ulm réapparaît – Berlin Alexanderplatz était au programme de l’agrégation et donc de ses révisions.
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Liens d’amitié et de parenté… Il est à noter que Denise Piron-Lévy a pour grand-père maternel le célèbre helléniste Henri Weil (professeur à l’École de 1876 à 1892), dont la Bibliothèque des lettres possède également d’intéressantes archives, obtenues grâce à la générosité d’une autre descendante d’Henri Weil, Madame Marie-Louise Gouhier, née Dufour.
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Liste des documents présentés
Éditions originales conservées par la Bibliothèque des lettres :
- Der Deutsche Maskenball, Berlin, S. Fischer, 1921. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8344 8° ;
- Reise in Polen, Berlin, S. Fischer, 1926. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8343 8° ;
- Das Ich über der Natur, Berlin, S. Fischer, 1928. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8345 8° ;
- Giganten, ein Abenteuerbuch, Berlin, S. Fischer, [1932]. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8341 8° ;
- Unser Dasein, Berlin, S. Fischer, [vers 1933]. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8347 8° ;
- Schicksalsreise : Bericht und Bekenntnis, Frankfurt am Main, J. Knecht, [1949]. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8348 8°.
On remarque parmi les ouvrages de Döblin quatre titres publiés par Querido à Amsterdam. Cette maison d’édition fut créée en 1933 ; fruit de la collaboration entre un éditeur chassé d’Allemagne, Fritz Landhoff, et un éditeur néerlandais Emanuel Querido, on lui doit d’avoir permis dans les années 1930 à de grands écrivains de langue allemande, dont les ouvrages étaient voués aux autodafés par les Nazis, de faire entendre leur voix. Elle fut fermée et détruite par la Gestapo dans les premiers jours de l’occupation allemande des Pays-Bas. La Bibliothèque des lettres possède en dehors des ouvrages de Döblin vingt-deux titres publiés par Querido, dont des ouvrages de Heinrich et Klaus Mann, Arnold Zweig, Anna Seghers, Ernst Toller, Max Horkheimer, Albert Einstein.
- Jüdische Erneuerung, Amsterdam, Querido Verlag, 1933. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 7606 12° : exemplaire portant la signature autographe d'Alfred Döblin en page de garde
- Babylonische Wandrung oder Hochmut kommt vor dem Fall, Amsterdam, Querido Verlag, 1934. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8335 8° ;
- Pardon wird nicht gegeben, Amsterdam, Querido Verlag, 1935. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 7607 12° : exemplaire portant la signature autographe d'Alfred Döblin en page de garde ;
- Flucht und Sammlung des Judenvolks : Aufsätze und Erzählungen, Amsterdam, Querido Verlag, 1935. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8337 8°.
Don Piron-Lévy :
- Der Oberst und der Dichter oder das menschlische Herz, München, Karl Alber, 1946. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8350 C 8° : envoi manuscrit d'Alfred Döblin à Denise Lévy (22/01/1948) ;
- Hamlet oder die lange Nacht nimmt ein Ende, Berlin, Rütten & Loening, 1956. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8352 B 8° : envoi manuscrit d'Erna Döblin à Monsieur et Madame Paul Lévy, exemplaire enrichi de coupures de presse ;
- Die Literarische Situation, Baden-Baden, P. Keppler, 1947. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8354 C 8° : envoi manuscrit d'Alfred Döblin à Denise Lévy (22/01/1948) ;
- Robert Minder, « Hommage à Alfred Doeblin », Allemagne d'aujourd'hui, Paris, PUF, 1956. Bibliothèque Ulm-LSH, en cours de traitement : envoi manuscrit d'Erna Döblin à Monsieur et Madame Paul Lévy, exemplaire enrichi de coupures de presse ;
- November 1918, t. 1 et 2, München : Karl Alber, 1948-1949. Bibliothèque Ulm-LSH, L E g 8349 C 8° : envoi manuscrit d'Erna et Alfred Döblin à Denise Lévy (27/05/1949)
Présentation réalisée en juillet 2018 par Gilles Sosnowski