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Ulm-LSH / Jourdan-SHS
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Bernard Dorival : archives d'un historien de l'art
En 1996 et en 2002, l'historien de l'art et critique d'art Bernard Dorival (1914-2003) décide de donner, de son vivant, ses archives personnelles et professionnelles à la bibliothèque des Lettres et sciences humaines de l’École normale supérieure. Après son décès, son épouse, Claude, effectue en 2006 un versement complémentaire des archives de son mari. En 2018 enfin, ses enfants ont fait don à la bibliothèque d'un ensemble de plus de 300 lettres complétant le fonds. Ce versement récent est l'occasion de retracer le parcours de Bernard Dorival, de la rue d'Ulm à la Sorbonne, en passant par le Musée national d'art moderne.
Bernard Dorival entre à l'École normale supérieure en 1934. Sa vocation pour l'histoire de l'art s'y affirme nettement : il suit les cours d'histoire de l'art d'Henri Focillon (1901 l), de Pierre Lavedan (1906 !) et de Louis Hautecœur (1905 l) pour lesquels il garda toujours une grande admiration. En 1937, il est agrégé de lettres et enseigne au lycée de Laon (1938-1939). Nommé pensionnaire de la Fondation Thiers, puis de la Casa Velàsquez (1939), il devient ensuite professeur de français à l'Institut français de Barcelone.
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Le Musée national d'art moderne (MNAM)
En 1941, grâce à Louis Hautecœur, il est nommé au Musée national d’art moderne qui est sans directeur depuis la révocation de Jean Cassou. Celui-ci est réintégré dans ses fonctions en 1945. Les deux hommes collaborent plus de vingt ans, organisent plus de 100 expositions et, grâce à des legs, des donations et des dations, font du MNAM l'un des plus importants musées d’art contemporain du monde. Bernard Dorival organise des expositions d’art français en Europe, en Amérique latine et au Japon. Il succède à Jean Cassou comme conservateur en chef en 1967.
Il ne quitte toutefois pas complètement l'enseignement : en octobre 1941 il devient professeur suppléant à l'École du Louvre, avant d'y occuper alternativement, de 1942 à 1965 les chaires d'histoire de la peinture française moderne et d'histoire de la peinture française ancienne. Il publie de très nombreux articles et une vingtaine de livres, dont les plus célèbres sont peut-être Les étapes de la peinture française contemporaine (1943-1946, trois tomes), L’École de Paris au Musée d’Art Moderne (1961), L’Histoire de l’art de l’Encyclopédie de la Pléiade (1969).
Le Musée national des Granges de Port-Royal
Son goût pour Pascal, Racine, le milieu des Solitaires et la peinture de Philippe de Champaigne l’amène à créer le musée national des Granges de Port Royal, dont il est le conservateur à titre gracieux à partir de 1955. Philippe Luez, actuel directeur du Musée de Port-Royal, soulignait, dans une conférence d’hommage à Bernard Dorival au Musée de Meudon en 2016, que ce dernier a créé, avec Jean Cassou pour le MNAM, seul pour Port Royal, les deux seuls musées nationaux décidés par les autorités de la Quatrième République.
En désaccord avec la politique culturelle d’André Malraux, il quitte le monde des musées en 1968 et est recruté comme chargé de recherche au CNRS, où il termine une thèse entreprise de longue date sur Philippe de Champaigne. À la rentrée de 1973, il est élu professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Paris IV-Sorbonne, où il reste jusqu’à sa retraite en 1983. Il publie alors l’Album Pascal dans la Pléiade (1978) et une dizaine de livres sur Philippe de Champaigne (1976), son neveu Jean-Baptiste (1992), Georges Rouault (1976 et 1988), Robert Delaunay (1975), Sonia Delaunay (1988).
Le fonds d'archives de Bernard Dorival à l'ENS
Les archives de Bernard Dorival comportent trois ensembles :
- des pièces personnelles et cahiers de cours, essentiellement des années passées rue d’Ulm ; on y trouve notamment ses notes des cours qu’il suivait auprès d'Henri Focillon, Pierre Lavedan et Louis Hautecœur ; Bernard Dorival n’a pas voulu joindre à ces ensembles les cours qu’il a donnés à la Sorbonne, demandant à ses enfants de les détruire ;
- une importante correspondance de plus de mille lettres, témoignage exceptionnel sur la création artistique de l’après-guerre et sur la qualité de ses relations avec les plus grands artistes, comme Georges Rouault, Alfred Manessier, Jean Bazaine, Zao Wou-Ki, Pierre Soulages, Jean-Michel Atlan, Nicolas de Staël, Antoine Pevsner, Germaine Richier et bien d’autres ; des expositions majeures sont aussi l'objet de nombreuses lettres, par exemple la biennale de Sao Paulo (1953), l'exposition internationale de Bruxelles (1958), l'exposition « New Water Colors From France » (1962), l'exposition d'art français en Amérique du Sud (1965), l'exposition Dada au MNAM (1966), l'exposition universelle du Canada (1966) ;
- les archives de ses recherches sur les époux Delaunay, Sonia Delaunay lui ayant donné toute la correspondance qu’elle détenait.
À toutes ces pièces s’ajoutent des tirés-à-part de très nombreux articles qu’il avait rédigés, soit dans le Bulletin des musées de France, soit dans d’autres revues scientifiques françaises ou étrangères, et un choix de livres issus de sa bibliothèque de travail. Une bibliographie complète de Bernard Dorival est en cours de préparation. Elle compte déjà plus de sept cents références.
Texte de Gilles et Pascal Dorival
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Liste des documents présentés
- Cahier de notes de Bernard Dorival, prises durant le cours professé par Pierre Lavedan : « La sculpture romaine en Espagne », 1935-1936, 65 feuillets manuscrits. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR I/1/12 ;
Les notes sont illustrées de croquis au crayon. Contient f. 51-65 les exposés faits par les élèves - Cahier de notes de Bernard Dorival, prises durant le cours d'histoire de l'art professé par Louis Hautecoeur à l'École du Louvre : « Cours Hautecoeur », [ca 1934-1937], 59 feuillets manuscrits. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR I/1/15 ;
- Cahier de notes de Bernard Dorival, prises durant le cours professé par Henri Focillon : « Cours Focillon », [ca 1935-1937], 40 feuillets manuscrits. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR I/1/10 ;
- Lettre de Joan Mirò à Bernard Dorival, 7 octobre 1962, 1 feuillet. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR II/11/106 ;
- Lettre de Sonia Delaunay à Bernard Dorival, 31 mai 1957, 1 feuillet. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR II/4/21 ;
- Lettre de Hisao Domoto à Bernard Dorival, s.d., 1 feuillet. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR II/4/95.
- Cahier de notes de Bernard Dorival, prises durant le cours professé par Pierre Lavedan : « La sculpture romaine en Espagne », 1935-1936, 65 feuillets manuscrits. Bibliothèque Ulm-LSH, fonds Bernard Dorival, DOR I/1/12 ;