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Trois ouvrages anciens restaurés en 2023 : un atlas des côtes françaises (1634), les œuvres complètes de Johannes Meursius (1746) et de Blaise Pascal (1779).
En 2023, plusieurs documents rares et précieux issus des collections patrimoniales de la bibliothèque des Lettres et Sciences humaines ont été sélectionnés pour bénéficier d’une restauration : un volume daté du 17e siècle, cinq volumes du 18e siècle (deux titres), huit volumes du 19e siècle (deux titres, dont une édition des Leçons d'anatomie comparée de Georges Cuvier), ainsi que treize registres d’emprunts de la bibliothèque (élèves des années 1911 à 1928) devant bientôt faire l’objet d’une numérisation.
Dans le cadre du livre du mois de novembre 2024, trois ouvrages restaurés issus de cette sélection sont ainsi exposés : un atlas des côtes françaises par le géographe royal Christophe Tassin (1634), les œuvres complètes du philologue hollandais Johannes Meursius (1746) et celles de Blaise Pascal (1779), éditées par l’abbé Charles Bossut qui fut notamment un collaborateur de l’Encyclopédie.
Afin d’illustrer les différentes étapes de la restauration de livres anciens, les notices bibliographiques et les présentations des éditions sont accompagnées de photographies et de constats d’état réalisés par les restaurateurs de l’atelier Coralie Barbe. -
Christophe Tassin (16..-16..)
Cartes generale [sic] et particulieres de toutes les costes de France, tant de la mer oceane que Mediterranée. Où sont remarquees toutes les isles, golphes, ports, havres, rades, bayes, bancs, escueils & rochers plus considerables, avec les anchrages & profondeurs necessaires. Par le sieur Tassin geographe ordinaire de sa Majesté. Paris : Martin Gobert, 1634. -
Christophe Tassin est géographe du roi et commissaire ordinaire des guerres (1631). Pour élaborer cet atlas côtier, il ne s’appuie pas sur des relevés effectués par lui-même mais sur des informations issues de publications précédentes ou bien sur les travaux plus récents des ingénieurs du roi. En 1634, la Guerre de Trente ans fait alors rage : ces cartes constituent un outil de défense stratégique des côtes françaises, soulignant l’importance de la consolidation des frontières. Les premières cartes représentent ainsi la côte atlantique de Calais à San Sebastian, et les suivantes la côte méditerranéenne de la frontière espagnole à Villefranche-sur-Mer.
Il s’agit d’une édition partagée entre Martin Gobert et Sébastien Cramoisy. Dès la seconde partie du 16e siècle, l’association d’imprimeurs-libraires est fréquente lorsque la publication coûte cher : elle implique un partage des frais de production mais aussi des profits.
Reliure 17e s., veau brun, armes dorées de l'archevêque Léonor d'Estampes de Valençay au centre des plats, double filet doré en encadrement.
Marques de provenance : notre édition porte une reliure armoriée de l'archevêque Léonor d'Estampes de Valençay, un ex-libris imprimé armorié « Desains notaire à St Quentin » (19e s.), et un ex-libris manuscrit non identifié.
Léonor d'Estampes de Valençay (1589-1651) fut évêque de Chartres (1620-1641), puis archevêque de Reims (1641-1651). Son blason : d'azur à deux girons appointés en chevron ; au chef d'argent, chargé de trois couronnes ducales de gueules mises en fasce (le tout surmonté de la mitre et de la crosse ; support : deux lions lampassés debout).
Louis-Félix Desains exerça la profession de notaire entre 1813 et 1842 à Saint-Quentin, dans l’Aisne. Son blason : écartelé aux 1 et 4, d'azur, à un vaisseau à trois mâts d'argent surmonté de deux étoiles du même ; aux 2 et 3, d'or à un serpent au naturel ondoyant en pal. Avec la légende : « Desains notaire à St Quentin ». -
Restauration 2023 Atelier Coralie Barbe. Interventions principales réalisées : dépoussiérage et gommage ; consolidation des feuillets et des planches ; réencollage des coins ; rattachement du feuillet détaché en fin d’ouvrage ; soulèvement du cuir sur le dos ; confection de nouvelles tranchefiles à l’identique ; pose de claies en toile en vue du rattachement des plats ; remise en forme des plats ; comblement de deux coiffes ; consolidation et comblement des mors ; consolidation des chants et des coins ; recollage du cuir original ; mise au ton des éléments de restauration ; fourniture d’une boîte de conservation sur-mesure.
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Blaise Pascal (1623-1662)
Œuvres de Blaise Pascal. Tome premier [-cinquieme]. La Haye : Detune, 1779. -
Cette première édition des œuvres complètes de Blaise Pascal parue en 1779 comporte cinq tomes, les trois premiers étant dévolus aux textes littéraires et philosophiques, et les deux derniers aux recherches scientifiques. On la doit à l’abbé Charles Bossut (1730-1814), également géomètre, membre de l’Académie des Sciences et collaborateur de l’Encyclopédie. Bossut ne reprend pas les textes originaux de Pascal mais ceux remaniés de l’édition dite de « Port-Royal », qui avait été élaborée en 1670 par la sœur de Pascal, Gilberte Périer et son époux, ses amis le duc de Roannez Artus Gouffier et Antoine Arnauld, ainsi que Pierre Nicole, un proche d’Arnault avec lequel il avait notamment participé à la préparation des Provinciales pour Pascal.
En frontispice du premier tome, on trouve le portrait en médaillon de Pascal accompagné d'une épigramme latine de d'Alembert. Il est gravé d'après le tableau de François II Quesnel (1637-1699), peint après la mort du philosophe et savant en 1662. C’est la sœur de Pascal qui commande à Quesnel cette peinture, réalisée d’après le moulage mortuaire de son visage. Il s’agit du plus ancien portrait connu de Pascal, qui servira de modèle pour toutes les représentations qui suivront.
Au quatrième tome, les planches dépliantes illustrant les travaux scientifiques sont gravées sur cuivre par Jean-Baptiste Bradel ; celles du cinquième tome ne sont pas signées. Les bandeaux, lettrines et culs-de-lampe sont gravés sur bois.Reliure début 19e s., basane fauve racinée, dos long avec décor doré, pièce de titre rouge et pièce de tomaison verte, roulette dorée en encadrement des plats, filet doré sur chants, tranches marbrées, gardes de papier caillouté.
Le premier tome porte une étiquette de libraire « Se vend chez Pierre Beaume, imprimeur-libraire, allées de Tourny, n.°6, au coin de la rue St.-Dominique, près l’Académie des Sciences. A Bordeaux ».
Marques de provenance : un cachet « Bibliothèque de l'Université », un cachet fleurdelysé « Ecole normale » et un cachet « Ecole normale. Université de France » (p. 25). -
Restauration 2023 Atelier Coralie Barbe. Interventions principales réalisées sur les volumes 2-5 : dépoussiérage et gommage ; consolidation de surface du cuir, de déchirures et de coins ; consolidation d’une planche dépliante ; rattachement de cahiers détachés ; soulèvement du cuir sur le dos ; consolidation de tranchefiles ; pose de claies ; rattachement des plats ; comblement d’une coiffe ; consolidation des mors ; pose de charnières ; mise au ton des éléments de restauration.
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Johannes Meursius (1579-1639)
Joannis Meursii operum volumen septimum, ex recensione Joannis Lamii, lucubrationes quae in eo continentur sequens pagina indicat. Florence : Tartini et Franchi, 1746. -
Johannes Meursius est un philologue et historien hollandais. C’est un enfant précoce, très doué en latin et grec ; il devient plus tard professeur de grec et d’histoire à l’université de Leyde, et est nommé en 1625 historiographe de Christian IV, roi du Danemark. Meursius a produit une multitude d’études critiques portant sur la littérature et l’histoire grecques. Notre édition comporte ainsi des dissertations sur des historiens et poètes grecs tels que Phlégon de Tralles, Apollonius Dyscole, Hésychius de Milet ou encore Constantin Manassès.
Ce septième volume des œuvres complètes de Meursius paraît en 1746, et fait partie d’un ensemble de douze volumes publiés à Florence entre 1741 et 1763 par l’érudit italien Giovanni Lami (1697-1770), qui connaît à cette époque un grand succès éditorial avec la publication de son journal savant, les Novelle letterarie (1740-1761).
L’élégant frontispice, qui laisse apparaître un petit portrait en médaillon de Meursius, est dessiné par Giovanni Domenico Ferretti (1692-1768), un peintre italien spécialiste des fresques et appartenant à l’école florentine. La gravure sur cuivre est due à un autre florentin, Carlo Gregori (1719-1759), qui signe aussi la vignette au titre. Les lettrines et les illustrations dans le texte (figures géométriques) sont gravées sur bois.
Reliure 18e s., demi-parchemin, dos long avec pièce de titre marron, plats recouverts de papier marbré, tranches rouges.
Marque de provenance : cachet « Ecole normale. Université de France ». -
Restauration 2023 Atelier Coralie Barbe. Interventions principales réalisées : dépoussiérage ; consolidation de feuillets ; pose d’un nouveau plat en carton ; dépose d'une contregarde et de l’apprêture ; pose d’une nouvelle apprêture en papier japonais ; pose de claies en toile ; confection d'un nouveau plat ; fourniture d’une feuille de papier marbré refaite à l’identique ; consolidation du dos ; rattachement d'un plat ; consolidation des chants et des coins ; pose de coins renforcés en parchemin ; collage du nouveau papier marbré sur le plat supérieur ; collage de l'ancienne contre-garde sur le contreplat supérieur ; consolidations des déchirures et comblement des lacunes ; pose de charnières dans le mors intérieur ; mise au ton des éléments de restauration ; fourniture d’une boîte de conservation sur-mesure.
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Exposition réalisée par Ariane Oriol. Photographies et constats d'état Atelier Coralie Barbe.